Vers un Nouvel agenda urbain : quel avenir pour le territoire, les villes et les villages du Québec?
La Conférence Habitat III de l’Organisation des Nations-Unies (ONU) réunissait il y a quelques jours, à Quito, plus de 45 000 personnes provenant de la planète entière. Le « Nouvel agenda urbain » qui y a été adopté met de l’avant le rôle crucial des villes pour l’avenir du monde, en tant que lieux de synergie et vecteurs d’équité et de prospérité.
À Quito, des décideurs du monde entier se sont engagés à atteindre des objectifs clairs et mesurables. Pendant que la planète discutait de développement urbain durable, qu’en est-il ici? Il y a un an, l’alliance ARIANE proposait de mettre l’aménagement du territoire et l’urbanisme au cœur d’une vision porteuse pour l’avenir des villes québécoises. Force est de constater que nous sommes toujours en attente d’une proposition forte en la matière.
Pourtant, plusieurs chantiers actuellement ouverts sont autant d’opportunités d’enclencher le changement de paradigme en matière de développement urbain auquel appelle le Nouvel agenda urbain.
Au premier plan des réformes structurantes figure la révision des relations entre Québec et les autorités municipales, entre qui l’aménagement du territoire est depuis toujours une compétence partagée. À ce chapitre, le Nouvel agenda urbain propose de « reconnaître le rôle prédominant des gouvernements nationaux dans l’établissement d’un cadre politique et législatif en faveur du développement urbain durable »; « renforcer les mécanismes d’évaluation et de contrôle, ainsi que l’implication des parties prenantes »; et surtout « relancer une planification territoriale intégrée et à long terme pour optimiser la forme urbaine et assurer les retombées positives de l’urbanisation ». Au Québec, on entend pour l’instant beaucoup parler de simplification administrative, mais peu des défis à relever vers un meilleur aménagement de nos milieux de vie.
Un autre chantier, moins publicisé, intéresse l’alliance ARIANE en raison du fort impact qu’il pourrait avoir sur les pratiques en aménagement du territoire : il s’agit de l’intention annoncée de fusionner, dans un même ministère, les Affaires municipales et la Sécurité publique. Ce changement organisationnel pourrait être lourd de conséquences si la sécurité publique, domaine technique et normatif, devait prendre le pas sur l’aménagement du territoire, domaine sensible et nuancé. Toutefois, cette réforme pourrait aussi être l’occasion pour l’État de créer un ministère dont l’aménagement du territoire serait le cœur de mission et non pas un mandat accessoire, et de lui donner les moyens d’assurer la cohérence de l’action gouvernementale en aménagement. Un changement porteur, et qui favoriserait la mise en pratique des principes véhiculés par ONU Habitat III.
En effet, le Nouvel agenda urbain adopté à Quito stipule notamment que « la forme urbaine, les infrastructures, le design des bâtiments sont parmi les principaux déterminants d’une utilisation optimale des ressources, y compris financières ». Pour demeurer une société prospère et assurer son adaptabilité face aux changements démographiques, économiques et climatiques, le Québec doit, comme les autres nations qui étaient présentes à ONU Habitat III, prendre la mesure des effets de nos choix en aménagement et en urbanisme. La révision des orientations gouvernementales en aménagement du territoire, en cours depuis plusieurs années, est l’occasion de monter la barre et de convoquer les bonnes volontés autour d’une vision commune des pratiques optimales en aménagement et en urbanisme.
La Conférence ONU Habitat III visait à susciter un engagement renouvelé dans le développement urbain durable et une plus large implication de la société civile. Pour l’alliance ARIANE, les chantiers actuellement ouverts au Québec sont autant d’occasions de faire de ces objectifs une réalité.
Notre qualité de vie future dépend des choix que nous faisons aujourd’hui et qui s’ancreront durablement sur le territoire. Le Québec a besoin d’un « désormais » en matière d’aménagement du territoire et d’urbanisme. En se donnant les moyens de concrétiser le Nouvel agenda urbain d’ONU Habitat III, il peut devenir un modèle. Pour notre culture, pour notre santé, notre prospérité et celle des générations qui nous suivront, mieux construire nos villes et nos villages et mettre en valeur notre territoire doit devenir notre priorité.
- Donald Bonsant, président de l’Ordre des urbanistes du Québec
- Nathalie Dion, présidente de l’Ordre des architectes du Québec
- Marcel Groleau, président de l’Union des Producteurs Agricoles
- François Lestage, président de l’Association des aménagistes régionaux du Québec
- Dinu Bumbaru, C.M., directeur des politiques, Héritage Montréal
- Christian Savard, directeur général de Vivre en Ville
- Philippe Bourke, directeur général du Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec
- Karel Mayrand, directeur général pour le Québec de la Fondation David Suzuki